Retrouver la compétitivité pour la luzerne déshydratée
Même si la filière s’est montrée plutôt résiliente en 2023, plusieurs défis l’attendent pour asseoir sa place dans les rations en alimentation animale. Sa structuration en quatre OP (organisations de producteurs) pourrait l’y aider.
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En 2023, la production de luzerne déshydratée a atteint 830 000 tonnes, en hausse de 10 % sur un an malgré un repli des surfaces de 4,3 % (67 000 ha), rapportait Eric Masset, président de Luzerne de France, le 5 mars 2024. L’organisation représente des coopératives de déshydratation de fourrage au sein de La Coopération Agricole.
Un recul qui témoigne de difficultés de semis en 2022, mais aussi de rendements bas en 2020, 2021 et 2022. « Ces trois années nous ont posé bien des challenges pour rester attractifs pour les producteurs. On s’est de plus retrouvé en 2022, lors des choix d’assolement, face à des céréales aux cours très attractifs », détaille Pierre Begoc, directeur de Désialis. En 2023 en revanche, la tendance s’est inversée : « Le marché de la luzerne reste plutôt ferme au regard des prix du blé par exemple, qui ont décroché », poursuit-il. Les surfaces pourraient remonter de 2,5 à 3 % en 2024, selon les dernières estimations.
Place dans la ration
Un écart de prix entre la luzerne et les autres matières premières agricoles qui devrait naturellement tendre à se réduire, selon Pierre Begoc. « Il faut trouver de la place dans les rations pour écouler des volumes sur le marché européen dans les prochains mois », argumente-t-il. D’autant plus que le cheptel laitier dégringole : « Il y a un vrai sujet sur la décapitalisation que nous ne parvenons pas à enrayer. » La luzerne fait également face à une compétition avec l’autoaffourragement induite par une pousse de l’herbe en 2023 plutôt excédentaire.
« On est donc dans un marché assez compliqué avec une consommation en légère baisse sur la ferme européenne et des marchés au grand export qui sont convoités, explique Pierre Begoc. Les États-Unis ont eux aussi réalisé une très bonne campagne, avec un disponible à l’exportation dont profite la Chine. Mais lorsque celle-ci n’achète pas, l’offre se reporte sur le Moyen-Orient où nous sommes présents, expliquait-il encore. Et dernièrement, les conditions d’achat s’y sont durcies. Les autorités locales ont moins la volonté de subventionner l’élevage local. »
Arrivée des OP
2023 a également vu la filière se structurer en quatre organisations de producteurs (OP) :
Champagne-Ardenne : Luzerne de France Bretagne : Déshyouest Normandie : UCVD (Usines coopératives de déshydratation du Vexin) Bourgogne : Déshy’21 (décret à paraître dans les prochaines semaines).
Ainsi, entre 85 et 90 % des volumes seront couverts par les OP, selon Yann Martinet, directeur de Luzerne de France : « Sachant que certaines filiales ne peuvent pas y être tant qu’elles ne changent pas de gouvernance, nous sommes donc quasi au maximum. »
« C’est pour nous une colonne vertébrale qui se dessine pour écrire la suite. L’OP fait partie des outils que l’on souhaite avoir à disposition pour renforcer la résilience de la filière », commente Pierre Begoc.
Décarbonation réussie
La filière s’est également félicitée de la vitesse de décarbonation de l’activité de déshydratation, avec une baisse des émissions de près de 93 % entre 2005 et 2023 et un objectif pour 2025 déjà atteint. Ainsi, la prospective « Luzerne 2026 », lancée en 2020, sera révisée au printemps pour prendre en compte cette performance. « Le plan de relance a joué un rôle très important dans l’accélération de cette décarbonation, ce n’est pas parce que l’objectif manquait d’ambition », souligne Yann Martinet.
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